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WebLog de Michel Lesbats

Un blog de plus... pourquoi faire? Participer au débat citoyen, bien sûr, mais associé aux thèmes des domaines de la prévention des risques, de l'Ecologie , de l'aménagement et du développement durables: un portail de discussions et de réflexions sur tous les types de risques et la façon de les gérer.

Information, communication, vers une nouvelle citoyenneté.





Petit texte sur l'information et la communcation pour une nouvelle démocratie économique, sociale et écologique...rédigé par

 MM. Dos Santos et Lesbats

 

Petites définitions préalables de termes polysémiques!


On appelle information l'ensemble des techniques qu'un "émetteur" (individu, groupe, institution) est susceptible de mettre en œuvre pour modifier l'état cognitif et/ou affectif d'un récepteur (ou destinataire) dans le but d'agir sur son vécu, ses jugements et ses comportements. Si l'émetteur et le récepteur échangent en permanence leurs rôles on entre dans le champ de la communication...

 

 

1 Les tendances actuelles : la communication démocratique

 

Aujourd'hui, avec la montée en puissance des contres pouvoirs et des médias, le "risque" apparaît souvent au centre du débat public.


La communication sur un risque n'est alors autre chose que l'ensemble des modalités que les parties prenantes sont susceptibles de mettre en œuvre, dans un débat autour d'une technologie (activité à risques) ou d'un risque, pour faire valoir leurs points de vue.


Cette communication multi-acteurs qui se réalise dans l'"Espace public" et où intervient l'Etat à travers l'exécutif (gouvernement et administrations), le législatif (parlement), et le judiciaire (magistrature), est largement mise en scène par les médias (télévision, radio, quotidiens nationaux et régionaux, magazines…).


C'est à cette délibération médiatisée entre acteurs qu'assiste en général le (grand) Public qui, composé d'individus (usagers, consommateurs et citoyens), est loin d'être un simple récepteur. Les échanges autour des problèmes évoqués trouvent une expression "communautaire" dans des manifestations diverses (procès, résultats de sondages, meetings, défilés, grèves…) qui, souvent, sont elles mêmes médiatisées. Ainsi la boucle se referme, acteurs et public ne cessant d'interagir ente eux.


Si cette confrontation/négociation entre parties prenantes sous le regard du public a effectivement lieu et est "équilibrée", elle doit permettre de dégager, dans l'idéal, un "modus vivendi" autour de la technologie ou du niveau de risque qui peut alors être considéré comme économiquement et socialement optimal.


Cette idée de "modus vivendi" permet de définir théoriquement ce que l'on entend par technologie ou risque "économiquement et socialement acceptable" dans une démocratie qui, de représentative (basée sur le suffrage universel et l'idée de peuple souverain), tend à devenir de plus en plus "délibérative" (basée sur l'idée "d'un jeu de pouvoirs et des contres pouvoirs, arbitré par le Public"). L'objectif des philosophes et des chercheurs en sciences sociales et politiques est d'aboutir, sur ces questions, à des propositions quant à l'organisation générale de la délibération sous le contrôle du Public : comment faire en sorte qu'elle soit équilibrée et efficace ?


On voit donc apparaître de nouvelles procédures décisionnelles dites "participatives" qui, procédant par étapes à partir d'une première phase d'acquisition des connaissances (voir la loi de décembre 1991 sur la recherche en matière de stockage des déchets radioactifs de haute activité), exigent la mise en place d'instances nouvelles : médiateurs, SPPPI (Secrétariats Permanents de Prévention des Problèmes Industriels), CLIS (Comités Locaux d'Information et de Surveillance) des sites nucléaires, CLI (Commission Locale d'Informations) sur les déchets, Commission Nationale du Débat Public, conférences de citoyens…), et, dernièrement, les CLIRT (Comités Locaux d'Information et de Prévention sur les Risques Technologiques) proposés dans le projet de loi tendant à renforcer la maîtrise des risques technologiques suite à la catastrophe survenue à Toulouse le 21 septembre 2001... les CLIC (Comités Local d'Information et de Concertation)...


Pour les citoyens ne participant pas directement dans le débat, l'essentiel est qu'ils connaissent les procédures qui conduisent aux choix effectués et aux activités menées. Ce n'est plus ici la décision qui prime, mais la procédure qui permet de l'élaborer.


2 De la conception technique à la conception démocratique

 

Pour mesurer le chemin parcouru depuis une trentaine d'années opérons un rapide aller-retour entre passé et présent


A partir des années 70, l'adhésion du public à la politique de développement des activités industrielles présente quelques failles ; c'est la naissance des mouvements de contestation qui font apparaître un fort décalage entre la conception du risque par les experts et la perception du risque par les profanes.


Posant que : "la science constate l'existence des risques et la population prend conscience des risques " (4), les défenseurs du développement des nouvelles technologies tels que les pouvoirs publics et les industriels considèrent que la conception du risque chez les experts, fondée sur le calcul de l'occurrence et de la gravité des ENS, est une approche rationnelle, objective, qui traduit le risque réel, alors que la perception du risque par le public, irrationnelle, subjective, émotionnelle, est une représentation fausse de la "réalité".


Ce décalage proviendrait tout simplement d'un déficit de connaissances de la part du public ; dés lors le remède paraît évident : "Les protestations, peurs, critiques, et résistances de l'opinion publique ne sont que le résultat d'un problème d'information. Si les gens savaient ce que savent les techniciens, et s'ils connaissaient la façon dont ils raisonnent, ils seraient rassurés &endash; ou alors c'est qu'ils sont définitivement inaccessibles à la rationalité" (4).


Ces hypothèses sont à la base de la conception technique de la communication, qui se réduit, en fait, en une information unilatérale ; les émetteurs sont les pouvoirs publics relayés par les industriels ; le contenu de l'information épouse le point de vue "objectif" des experts en analyse des risques ; le destinataire est le "citoyen abstrait" pour lequel l'apport d'informations permet de combler son" ignorance".


Le psychologue Baruch Fischoff, chercheur dans le domaine de la prise de décision, a identifié huit étapes dans l'évolution de la conception technique des risques ; chaque étape, qui peut interférer avec les précédentes est : « caractérisée par une stratégie de communication que les praticiens espéraient efficace, et par les leçons apprises sur ce que la stratégie peut accomplir" B. Fischoff désigne dans un style désabusé mais non dépourvu d'humour, ces étapes ainsi :


- "Tout ce que nous avons à faire, c'est d'avoir les bons chiffres - Tout ce que nous avons à faire, c'est de leur donner les chiffres. - Tout ce que nous avons à faire, c'est d'expliquer ce que veulent dire les chiffres. - Tout ce que nous avons à faire, c'est de leur montrer qu'ils ont accepté des risques semblables dans le passé. - Tout ce que nous avons à faire, c'est de leur montrer qu'ils ont intérêt à prendre le risque. - Tout ce que nous avons à faire, c'est de les traiter gentiment. - Tout ce que nous avons à faire, c'est de nous en faire des alliés. - Tout ce qui précède"


La prise de conscience des limites de l'information technique sur les risques et de la nécessité de promouvoir une information/communication démocratique, apparaît de façon, on ne peut plus explicite, dans le principe 10 de la déclaration de la Conférence de Rio en 1992 :


"La meilleure façon de traiter les questions d'environnement est d'assurer la participation de tous les citoyens concernés, au niveau qui convient. Au niveau national, chaque individu doit avoir dûment accès aux informations relatives à l'environnement que détiennent les autorités publiques, y compris aux informations relatives aux substances et activités dangereuses dans leurs collectivités, et avoir la possibilité de participer aux processus de prise de décision. Les Etats doivent faciliter et encourager la sensibilisation et la participation du public en mettant les informations à la disposition de celui-ci. Un accès effectif à des actions judiciaires et administratives, notamment des réparations et des recours, doit être assuré. "


3 La "gouvernance" des activités à risques.


La gouvernance est le mode de gestion des risques qui intègre dans sa problématique la justification des activités à risques (Pourquoi acceptons-nous de prendre le risque considéré ?), ainsi que l'ensemble des aspects politiques, sociaux, juridiques, scientifiques, techniques, économiques et éthiques qui sont associées à l'engagement des activités (ou des investissement, des modes de vie, de production) à risque au sein de la société.


Cette problématique se développe à partir de « l'hypothèse » que l'acceptabilité du risque trouve son fondement dans la justification sociale des activités qui sont à l'origine du risque...


La crise devrait nous inciter à prendre le virage !


portaildurisque

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